La leçon d’un oiseau

Surprise en rentrant l’autre soir de découvrir ce bel oiseau dans la pièce… avant de me demander comment j’allais bien pouvoir l’aider à retrouver l’odeur des arbres ?
Pas une mince affaire !
J’ai commencé par ouvrir toutes les fenêtres et tenter de le guider vers la sortie, tout en lui parlant doucement. Les animaux comprennent instinctivement le langage du coeur, ils le sentent positivement dans leur champ vibratoire. Réagir calmement et lui faire sentir ma volonté de l’aider en imprimant dans mon esprit de paisibles images de son environnement naturel, était une stratégie importante.
Mais apeuré et cherchant la sécurité des hauteurs, il me restait impossible de l’approcher sans qu’il s’en aille voleter à l’autre bout de la pièce, évitant tout risque de descente.
J’ai alors saisi mon bokken, ce sabre en bois qui fait partie des armes d’entrainement de l’Aïkido. J’en ai toujours un qui traine à portée. Je me suis dit qu’un tel objet en bois ressemblant à une branche bien ferme et tenu à distance lui donnerait peut-être plus confiance… En effet, il a daigné s’y poser, mais zoup !, au moindre de mes mouvements, tous mes efforts s’envolaient à nouveau avec lui !
Il était tard, et le Tao est partout !
Après une bonne demi-heure de tentatives diverses, j’ai finalement renoncé. Il était tard et mes techniques me donnaient peu d’espoir. J’ai donc décidé d’aller me coucher. Je me suis endormi en laissant les fenêtres ouvertes et un petit bol de graines.
Au matin, il était parti, tchao bello ! Et merci pour la leçon !
L’oiseau avait sans doute avant tout besoin de calme, de laisser son système nerveux se poser dans cet environnement artificiel et inconnu.
Tous les êtres vivants réagissent de la même manière dans une telle situaiton. L’inconnu est un danger pour notre nature animale. Quand le corps perçoit une menace potentielle, il prime sur la raison. Notre particularité d’êtres humains, c’est que nous pouvons enrayer ce mécanisme instinctif automatique, ce qui a largement contribué à notre évolution, mais qui parfois contribue aussi à notre perte, quand nous rompons le lien entre instinct et discernement.
Mais revenons à la sagesse de cet oiseau…
Agir sans agir !
Comme quoi, on s’agite tellement dans ce monde alors qu’il y a souvent beaucoup moins à faire qu’on ne le pense… ouvrir une fenêtre et laisser la nature faire son oeuvre ! Juste permettre le mouvement.
Tout ça m’a une fois de plus fait penser au concept taoïste de « Wu Wei », que l’on traduit la plupart du temps par « Agir sans agir », mais qu’il est bon de comprendre comme « Agir avec le naturel ».
Le Tao est une Voie fluide ! Sentir, ne pas forcer, laisser circuler, accompagner, surfer sur l’océan du mouvement pour vivre et dormir en paix !

« Wu Wei » – Agir sans agir, suivre le naturel…
Celui qui se livre à l’étude augmente chaque jour (ses connaissances).
Celui qui se livre au Tao diminue chaque jours (ses passions).
Il les diminue et les diminue sans cesse jusqu’à ce qu’il soit arrivé au non-agir.
Dès qu’il pratique le non-agir, il n’y a rien qui lui soit impossible.
C’est toujours par le non-agir que l’on devient le maître de l’empire.
Celui qui aime à agir est incapable de devenir le maître de l’empire.
Tao Te King – Chapitre 48

Laisser nos fenêtres ouvertes au naturel !